(Note: Ce texte n’est pas de moi. Je le copie ici dans l’éventualité très probable qu’il soit retiré du site du journal Métro, afin de combattre la censure.)
Éric Martel – Métro
21 novembre 2021 à 5h00 5 minutes de lecture
Carole Xavier, pathologiste à l’Hôpital de Gatineau, est l’une des 13 médecins non vaccinées faisant partie des plaignants dans le recours contre la vaccination obligatoire des travailleurs de la santé. Elle aurait préféré perdre son emploi plutôt que de se plier à l’obligation du gouvernement.
Dre Xavier ne s’oppose pas à la vaccination en général. Depuis son enfance, elle reçoit tous les vaccins communs, et ceux nécessaires à sa pratique. Mais pour elle, il n’y a «pas assez de recul» sur la technologie ARN messager. Cette technologie est utilisée dans les vaccins de Moderna et Pfizer.
«Je pense que la vaccination d’un patient, comme tout traitement médical, doit répondre à un besoin individualisé et être le résultat d’une appréciation entre les bénéfices et les risques pour le patient dont il est question», exprime-t-elle en entrevue à Métro.
Technologie trop récente
Elle évalue la balance des risques et des bénéfices, et considère que son état de santé ne justifie pas qu’elle se fasse administrer l’un des vaccins disponibles au Canada. En effet, elle craint les effets secondaires liés à la vaccination. Elle préférerait recevoir un vaccin plus «traditionnel», comme ceux à protéine ou ceux à vecteur viral. Plusieurs vaccins de ces deux types sont présentement en développement ou en processus d’homologation au Canada et en Europe. «Je pourrais à ce moment-là en bénéficier si je le juge nécessaire», indique-t-elle.
En tant que pathologiste, Dre Xavier n’est pas en contact direct avec des patients, mais avec des collègues. La médecin enseigne à l’université et informe les étudiants du fait qu’elle est non vaccinée pour éviter les malaises. «À ceux qui me posent des questions à ce sujet, je réponds qu’il s’agit d’une décision personnelle, qui n’engage que moi», dit-elle.
Elle s’oppose à la vaccination obligatoire des travailleurs de la santé. À ses yeux, on ne peut obliger certaines catégories de la population à recevoir les vaccins actuellement disponibles. «Une telle obligation, pour des traitements pour lesquels nous avons seulement une vingtaine de mois de recul concernant l’innocuité, va à l’encontre du principe de précaution qui encadre par principe toute activité médicale», estime-t-elle.
Les vaccins d’AstraZeneca et de Johnson&Johnson sont aussi à vecteur viral. Jusqu’ici, leurs effets secondaires semblent plus fréquents et graves que ceux des vaccins à ARN messager. Le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec n’administre celui d’AstraZeneca qu’aux adultes plus âgés et à ceux qui refusent les vaccins de Pfizer et Moderna. Celui de Johnson&Johnson est approuvé, mais le gouvernement fédéral a décidé de ne pas le distribuer à cause de questions sur la qualité du produit.
Doutes évoqués
Quand la pandémie a commencé, Dre Xavier a eu «très peur» de la COVID-19. Elle avoue sa surprise devant les décisions prises à l’international. Par exemple, les frontières sont demeurées ouvertes en 2019 malgré la hausse de cas. Elle soulève aussi certaines ambiguïtés dans la gestion de la pandémie à l’échelle locale.
«On nous a dit que porter un masque ne servait à rien, quand les stocks de masques ne permettaient pas à tous d’en porter. Puis, ils sont devenus indispensables et imposés lorsque les approvisionnements ont été suffisants», déplore-t-elle.
Cesser la propagation
Parallèlement, elle déplore le fait que ce ne sont que les travailleurs de la santé non vaccinés, qu’ils soient médecins ou autres, qui doivent se soumettre à trois tests de dépistage de la COVID-19 par semaine. Tous devraient être testés selon elle. «Les soignants ne l’étant pas [testés], ce sont eux qui paradoxalement risquent de devenir le principal vecteur de contamination potentielle dans l’enceinte des établissements de soins», raisonne-t-elle.
Tester le personnel de la santé vacciné n’est pas nécessaire, pour l’immunologue et virologue de l’Institut national de la recherche scientifique Alain Lamarre.
«Quand on est vacciné, les risques d’infection sont 20 fois moins grands. Et si on est infecté, les risques de transmission ne sont pas inexistants, mais ils sont diminués et raccourcis», expose-t-il.
Bien que la technologie ARN messager est utilisée dans le vaccin contre la COVID-19 pour la première fois, il demeure qu’elle a été développée «pendant des décennies», rappelle le Dr Lamarre.
«On a des protocoles, des études, des agences règlementaires qui surveillent la qualité et l’innocuité des vaccins. Même si ça a été fait rapidement, aucune étape n’a été sautée. C’est surtout parce que les gouvernements ont investi beaucoup d’argent que le vaccin a été homologué aussi vite», indique-t-il.
La grande majorité des effets secondaires reliés à la vaccination, comme des démangeaisons ou de la douleur au bras, sont bénins, rappelle-t-il. Des effets graves sont recensés chez une personne sur un million.
En septembre, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) dévoilait que 21% des individus non vaccinés craignaient les effets secondaires des vaccins contre la COVID-19. Une tranche de 20% de ce groupe doute de l’efficacité des vaccins. Un autre 16% n’a pas confiance en la vaccination en général.